De la plume et du pinceau pour enfants






Petit retour en arrière sur mes chères études littéraires : voici le sujet du mémoire que j’ai choisi en Master 1 (ancienne maîtrise). Il traite des images et des textes de la collection pour la jeunesse la Petite Bibliothèque blanche illustrée publiée par Hetzel et à laquelle contribua indirectement le dessinateur et graveur Bertall.

Que dire sur cela vous allez me dire ? Mais plein de choses : la rencontre d'un éditeur-écrivain avec un dessinateur, d'une plume et d'un pinceau au XIXe siècle pour donner naissance du moins contribuer à l'édition jeunesse. Car elle est florissante à cette époque grâce à nos deux messires. Leur humour commun naissant à partir des images associées à une histoire est devenu le thème littéraire enfantin par excellence. Enfin c'est plutôt la réunion de l'imaginaire d’un illustrateur avec le projet original d’un éditeur au travers de leur intérêt commun pour la jeunesse.

Mais quelle place ont nos deux Messieurs dans l'histoire éditoriale, artistique et littéraire des livres jeunesse:

- l’éditeur Hetzel, un des principaux éditeurs pour la jeunesse tout au long du XIXe siècle, il participe à la création d’une véritable littérature pour la jeunesse,

- Bertall est l'illustrateur romantique par excellence et surtout il a lancé le mouvement des illustrations pour la jeunesse: qu'elle soit émotionnel, imaginaire et éducative cette image ! se serait-il dit. Et humoristique pardi. Après tout, notre gribouilleur est l'auteur des "Défauts des enfants" insufflant par son pinceau la vertu dans les jeunes âmes de l'époque.

- N'oublions pas le fruit de leur travail : une collection particulière, la Petite Bibliothèque Blanche. C’est la collection la moins connue de Hetzel mais c’est aussi la plus élaborée, la plus riche et la plus exemplaire en matière d’évolution de l’illustration pour la jeunesse puisque son catalogue réunit des fonds datant de 1843 à 1862 et des nouveautés. Mais restons dans le Romantisme, époque chère à Bertall.


D'ailleurs laissons-leur un peu la parole et dialoguer ensemble :

- « C'est le drame mais il y a aussi la comédie. Cette comédie où l'on rit parfois pour ce que le rire est le propre de l'homme. La comédie de l'enfance, de l'éducation, de l'instruction. La comédie des plaisirs et des fautes, celle de l'amitié et de l'amour. » nous affirme Bertall. Il semble vraiment qu'une construction de l'image comique pour enfants se fait dans l'esprit de notre illustrateur.

- « Dès le matin j’écris pour les mioches, je mets du lait dans mon encrier. Si je fais de meilleurs petits garçons, ça fera de moins mauvais hommes » dit Hetzel. Notre éditeur résume très bien la notion d'instruire en amusant et ce, non dénué d'humour. Comique et humour sont liés avec les autres émotions suscitées par les textes à destination des enfants (la peur notamment mais aussi le plaisir ou la douleur). Qui plus est, comme on dit souvent, on se construit avec autrui et évidemment les adaptations, influences et réutilisations au sein de la production étrangère (anglaise et espagnole) sont capitales. Voici les ingrédients littéraires et éditoriaux qui ont servi à la réflexion de nos deux grands enfants (et à la mienne, soit dit en passant, j'avais un mémoire à faire !) : le genre, les thèmes et la narration des textes, l’importance du lectorat, les enjeux éditoriaux dans l’étude de l’illustration.

La fameuse problématique générale qui en résulte (eh oui tout raisonnement mène à un questionnement. Sinon à quoi bon faire un mémoire !) est la suivante : quels intérêts éditoriaux représentent les rééditions d’œuvres qui ont plus de 15 à 50 d’âge et comment s’élabore et évolue la construction de l’illustration jeunesse à travers ce laps de temps ? Cette collection fait le lien entre deux époques, entre deux hommes qui comprenaient le besoin enfantin d'histoires drôles. Leur étude d’une poétique de l’enfance au service du rire et de l’interaction des arts les a également amenés vers d'autres contrées, celles de son cosmopolitisme et de la nécessité de ses adaptations à travers l’Europe.


Légende de la dernière image: Un amour trop prématuré pour les arts

Sources images: Gallica (Bibliothèque numérique), topfferiana.free.fr, bm-rennes.fr

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